avec équivalences en €uros,
et chiffres pour 2001 (liens bi-directionnels)
J.O. Numéro 125 du 31 Mai 2001 page 8639
NOR : ECOX0100013L

* Rappel sur la PPE : prime individualisée (mais qui tient partiellement compte de la dimension familiale, plus par les seuils d’éligibilité que par le montant des majorations forfaitaires) accordée à ceux qui gagnent entre 0,3 Smic et 1,4 Smic. Son montant est progressif entre le tiers de temps (51 h/mois) et le temps plein payé au Smic (il est 2 fois plus faible, pour désinciter au temps très partiel, pour un mi-temps que pour un temps plein), puis décroît rapidement entre 1 et 1,4 Smic.
* L’ACR , proposée par Roger Godino (crédit d'impôt sur les revenus d'activité qui serait dégressif et s'annulerait au voisinage d'un revenu correspondant à un SMIC), "constituerait un mécanisme redistributif puissant sans avoir d'effet de désincitation au travail. Les expériences étrangères ont prouvé que ce type de mesure facilite la transition de l'inactivité vers l'emploi" (cf. rapport de Jean Pisani-Ferry, «Plein emploi» p356, téléchargeable à la page "MotivéEs").
Elle est plus redistributive que la PPE en faveur des ménages à faible niveau de vie car il concentre l’aide sur les deux 1ers déciles. Ce sont de fait les classes moyennes, et non les ménages les plus modestes, qui bénéficient le plus de la PPE.
* Voir le résumé de l'analyse de J. Delors (rapport du CERC 2000), et sa proposition d'une Allocation Compensatrice aménagée :
Conclusion : dès le début de la législature, le gouvt n'avait pas respecté sa parole de "donner + à ceux qui ont moins" en oubliant d'augmenter les minima sociaux comme il l'avait fait pour le Smic ; la PPE, dernière mesure importante de la législature, achève ce reniement. (Lire "Crédit d'impôt et prime à l'emploi", de Francine Bavay des Verts, du 8-2-01.)

LOI no 2001-458 du 30 mai 2001
portant création d'une PRIME POUR L'EMPLOI (1)

L'Assemblée nationale et le Sénat ont délibéré, L'Assemblée nationale a adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Article unique

Il est créé, dans le code général des impôts, un article 200 sexies ainsi rédigé :

« Art. 200 sexies. - I. - Afin d'inciter au retour à l'emploi ou au maintien de l'activité, il est institué un droit à récupération fiscale, dénommé prime pour l'emploi, au profit des personnes physiques fiscalement domiciliées en France mentionnées à l'article 4 B. Cette prime est accordée au foyer fiscal à raison des revenus d'activité professionnelle de chacun de ses membres, lorsque les conditions suivantes sont réunies :
« A. - Le montant des revenus du foyer fiscal au titre de l'année 2000 tel que défini au IV de l'article 1417 ne doit pas excéder 76 000 F (11 586 €) (a) pour la première part de quotient familial des personnes célibataires, veuves ou divorcées et 152 000 F (23 172 €) (b) pour les deux premières parts de quotient familial des personnes soumises à imposition commune. Ces limites sont majorées de 21 000 F (3 201 €) (c) pour chacune des demi-parts suivantes.
« Pour l'appréciation de ces limites, lorsqu'au cours d'une année civile survient l'un des événements mentionnés aux 4, 5 et 6 de l'article 6, le montant des revenus, tel que défini au IV de l'article 1417, déclaré au titre de chacune des déclarations souscrites est converti en base annuelle.
« B. - 1o Le montant des revenus déclarés au titre de l'année 2000 par chacun des membres du foyer fiscal bénéficiaire de la prime, à raison de l'exercice d'une ou plusieurs activités professionnelles, ne doit être ni inférieur à 20 575 F (3 137 €) (d) ni supérieur à 96 016 F (14 638 €) (e) .
« La limite de 96 016 F (14 638 €) (e) est portée à 146 257 F (22 297 €) (f) pour les personnes soumises à imposition commune lorsqu'un des membres du couple n'exerce aucune activité professionnelle ou dispose de revenus d'activité professionnelle d'un montant inférieur à 20 575 F (3 137 €) (d) ;
« 2o Lorsque l'activité professionnelle n'est exercée qu'à temps partiel ou sur une fraction seulement de l'année civile, ou dans les situations citées au deuxième alinéa du A, l'appréciation des limites de 96 016 F (14 638 €) (e) et de 146 257 F (22 297 €) (f) s'effectue par la conversion en équivalent temps plein du montant des revenus définis au 1o.
« Pour les salariés, la conversion résulte de la multiplication de ces revenus par le rapport entre 1 820 heures et le nombre d'heures effectivement rémunérées au cours de l'année ou de chacune des périodes faisant l'objet d'une déclaration. Cette conversion n'est pas effectuée si ce rapport est inférieur à un.
« Pour les agents de l'Etat et de ses établissements publics, des collectivités territoriales et de leurs établissements publics et les agents des établissements mentionnés à l'article 2 de la loi no 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière, travaillant à temps partiel ou non complet et non soumis à une durée du travail résultant d'une convention collective, la conversion résulte de la division du montant des revenus définis au 1o par leur quotité de temps de travail. Il est, le cas échéant, tenu compte de la période rémunérée au cours de l'année ou de chacune des périodes faisant l'objet d'une déclaration.
« En cas d'exercice d'une activité professionnelle non salariée sur une période inférieure à l'année ou faisant l'objet de plusieurs déclarations dans l'année, la conversion en équivalent temps plein s'effectue en multipliant le montant des revenus déclarés par le rapport entre le nombre de jours de l'année et le nombre de jours d'activité ;
« 3o Les revenus d'activité professionnelle pris en compte pour l'appréciation des limites mentionnées aux 1o et 2o s'entendent :
« a) Des traitements et salaires définis à l'article 79 à l'exclusion des allocations chômage et de préretraite et des indemnités et rémunérations mentionnées au 3o du II de l'article L. 136-2 du code de la sécurité sociale ;
« b) Des rémunérations allouées aux gérants et associés des sociétés mentionnées à l'article 62 ;
« c) Des bénéfices industriels et commerciaux définis aux articles 34 et 35 ;
« d) Des bénéfices agricoles mentionnés à l'article 63 ;
« e) Des bénéfices tirés de l'exercice d'une profession non commerciale mentionnés au 1 de l'article 92.
« Les revenus exonérés en application des articles 44 sexies à 44 decies sont retenus pour l'appréciation du montant des revenus définis aux c, d et e.

« II. - Lorsque les conditions définies au I sont réunies, la prime, au titre des revenus professionnels de l'année 2000, est calculée, le cas échéant, après application de la règle fixée au III, selon les modalités suivantes :
« A. - 1o Pour chaque personne dont les revenus professionnels évalués conformément au 1o du B du I, et convertis, en tant que de besoin, en équivalent temps plein au titre de l'année 2000 sont inférieurs à 68 583 F (10 455 €) la prime est égale à 2,2 % (x2) du montant de ces revenus.
« Lorsque ces revenus sont supérieurs à 68 583 F (10 455 €) et inférieurs à 96 016 F (14 638 €) (e), la prime est égale à 5,5 % de la différence entre 96 016 F (14 638 €) et le montant de ces revenus ;
« 2o Pour les personnes dont les revenus ont fait l'objet d'une conversion en équivalent temps plein, le montant de la prime est divisé par les coefficients de conversion définis au 2o du B du I ;
« 3o Pour les couples dont l'un des membres n'exerce aucune activité professionnelle ou dispose de revenus d'activité professionnelle d'un montant inférieur à 20 575 F (3 137 €) (d) :
« a) Lorsque les revenus professionnels de l'autre membre du couple, évalués conformément au 1o, sont inférieurs ou égaux à 96 016 F (14 638 €) (e) , la prime calculée conformément aux 1o et 2o est majorée de 500 F (76 €) ;
« b) Lorsque ces revenus sont supérieurs à 96 016 F (14 638 €) et inférieurs ou égaux à 137 166 F (20 911 €) , le montant de la prime est fixé forfaitairement à 500 F (76 €) (g) ;
« c) Lorsque ces revenus sont supérieurs à 137 166 F (20 911 €) (i) et inférieurs à 146 257 F (22 297 €) (f) , la prime est égale à 5,5 % de la différence entre 146 257 F (22 297 €) et le montant de ces revenus.
« B. - Le montant total de la prime déterminé pour le foyer fiscal conformément aux 1o, 2o et a du 3o du A est majoré de 200 F (30 €) par personne à charge au sens des articles 196 à 196 B, n'exerçant aucune activité professionnelle ou disposant de revenus d'activité professionnelle d'un montant inférieur à 20 575 F (3 137 €) (d) .
« Pour les personnes définies au II de l'article 194, la majoration de 200 F (30 €) est portée à 400 F (61 €) pour le premier enfant à charge qui remplit les conditions énoncées à l'alinéa précédent.
« C. - Pour les personnes placées dans les situations mentionnées aux b et c du 3o du A et au deuxième alinéa du B, dont le montant total des revenus d'activité professionnelle est compris entre 96 016 F (14 638 €) (e) et 146 257 F (22 297 €), la majoration pour charge de famille est fixée forfaitairement aux montants mentionnés au B, quel que soit le nombre d'enfants à charge.

« III. - Pour l'application du B du I et du II, les revenus des activités professionnelles mentionnées aux c, d et e du 3o du B du I sont majorés de 11,11 % (h).

« IV. - Le montant total de la prime accordée au foyer fiscal ne peut être inférieur à 160 F (24 €). Il s'impute en priorité sur le montant de l'impôt sur le revenu dû au titre de l'année d'imposition des revenus d'activité déclarés.
« L'imputation s'effectue après prise en compte des réductions d'impôt mentionnées aux articles 199 quater B à 200, de l'avoir fiscal, des autres crédits d'impôt et des prélèvements ou retenues non libératoires.
« Si l'impôt sur le revenu n'est pas dû ou si son montant est inférieur à celui de la prime, la différence est versée aux intéressés.
« Ce versement suit les règles applicables en matière d'excédent de versement.

« V. - Le bénéfice de la prime est subordonné à l'indication par les contribuables, sur la déclaration prévue au I de l'article 170, du montant des revenus d'activité professionnelle définis au 3o du B du I et des éléments relatifs à la durée d'exercice de ces activités. Pour bénéficier de la prime pour l'emploi au titre des revenus de 2000, les contribuables peuvent adresser ces indications à l'administration fiscale au plus tard le 31 décembre de la deuxième année suivant celle de la mise en recouvrement du rôle.

« VI. - Un décret précise, en tant que de besoin, les modalités d'application du présent article, et notamment celles relatives aux obligations des employeurs. »
La présente loi sera exécutée comme loi de l'Etat.

Fait à Paris, le 30 mai 2001.

Par le Président de la République : Le Premier ministre Le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie
La secrétaire d'Etat
au budget
Jacques Chirac Lionel Jospin Laurent Fabius Florence Parly


(1) Travaux préparatoires : voir le texte complet sur le site de LegiFrance
Discussion et adoption, en lecture définitive, le 15 mai 2001.


Chiffres 2001 :
(a) 11 772 € (revenu déclaré avant abattements de 10 et 20 % : 16 350 €)
(b) 23 544 € (revenu déclaré : 32 700 €)
(c) 3 253 €
(d) 3 186 €
(e) 14 872 €
(f) 22 654 €
(x2) porté à 4,4 % en 2002 et 6,6 % en 2003
(g) 440 € pour un salarié au SMIC et 942 € pour un couple au SMIC avec deux enfants à charge.
(h) Pour les travailleurs indépendants.

SMIC au 1-8-02 => 6,67 €/h, 169h > 1127.23 €, 151.67h > 1011.64 € brut / mois.
* Pour les calculs des heures, et la déclaration d'impôt, voir sur le site du gouvernement "Les nouveautés de la PPE"
* Pour l'enjeu, voir le texte "Crédit d'impôt et prime à l'emploi", par Francine Bavay des Verts, du 8-2-01, qui montre que cette loi, comme celle sur l'épargne salariale, non seulement ne s'attaque pas au problème principal de notre temps, la précarisation des emplois, mais ne fait que renforcer l'écart entre ceux qui ont un emploi stable et ceux qui ont un emploi précaire d'une part, et l'écart entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n'en ont pas d'autre part.
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