Bordeaux, le 25-9-99 Recommandé A.R.
Alain DONNART - Informatique et Traductions -à
Monsieur
Le passage prochain au 3ème millénaire est une bonne
opportunité pour faire évoluer certaines traditions
dun autre âge.
Je vous écris après les
vendanges et ne suis pas allé vous parler directement de ce
sujet car jestime être ainsi à labri des
tracasseries, menaces et violences que jai encore subi cette
année parce que je persiste à considérer ainsi
certaines pratiques :
que diriez-vous si lon vous jetait dans
une benne comme cela sest produit lan dernier et cette
année (cette fois, de plus, javais une montre et des
lunettes dans une poche intérieure située dans un
endroit proche du cur), quon jetait vos bottes dans les
vignes, et quen outre on menaçait de vous
déculotter publiquement ou quon vous bâillonnait
avec un adhésif demballage comme la
été le vendangeur Jacques (celui à qui vous avez
donné un pull) lan dernier ? Soutiendriez-vous
quil sagit là dinnocentes plaisanteries ?
La justification par la tradition est non seulement fausse (chez vous, car jy
ai effectué les vendanges il y a 30 ans et tel nétait pas
le cas ; pas plus que dans dautres crûs prestigieux car les deux
années précédentes, je les ai faites au Château MARGAUX
sans que jaie pu observer de tels agissements de la part des gens
du Château), mais aussi et surtout moralement inacceptable.
Jai lintention de lancer le vrai débat moral qui
simpose et de dénoncer publiquement, par tous
les moyens de communication à ma disposition (télévision,
radios locales, forums des sites internet vinicoles, emails des élus
régionaux, CD, supports papier
) les graves atteintes à
la dignité portées aux vendangeurs sur certains domaines et
notamment dans un 1er grand crû classé, ainsi que les violences
diverses exercées en bande organisée.
Dores et déjà, je prends des mesures de sécurité
pour que ces faits soient diffusés même si un fâcheux accident
marrivait, ce qui par là même diminue le risque de coïncidence
malheureuse.
En outre, sauf reconnaissance de la gravité de ces faits, garanties
à mapporter afin quils ne se reproduisent plus, et réparations
à convenir à lamiable, je citerai nommément les
responsables et complices, et je porterai plainte au pénal. Dans
ce cas, les qualifications probables seraient plutôt celles de voies
de fait (peut-être sans lintention de blesser mais en tout cas
sans sinquiéter de blessure éventuelle par verre cassé
ou sécateur) avec préméditation & récidive
ainsi que de déprédations de bien dautrui (direction
faussée à mon scooter, pneu crevé lan dernier au
vélo dune vendangeuse). Vous savez sans doute linstruction
générale donnée par le Ministre de la Justice pour sévir
contre les dérives inadmissibles comme le sont les humiliations
et les violences physiques - de certaines traditions dintégration
(bizutages..).
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Les faits sont ici plus graves car il ne sagit pas ici dintégrer
(un rite dinitiation/de passage nest subi quune fois par limpétrant)
mais de soumettre (cf. les livres « Le harcèlement moral
» et « lEntreprise barbare »).
En effet jai proposé la paix depuis
le début des vendanges, cette paix a été refusée
par un des deux tractoristes, et jusquau dernier jour la coalition des
vassaux sest élargie.
Je suis prêt à vous aider à trouver une solution amiable
en acceptant - comme vous avez accepté que Roberto reporte
sur vous son ire tous azimuts - de prendre sur moi la frustration de ceux qui
confondent la force avec le droit et pourraient être contraints à
respecter autrui par le pouvoir judiciaire. Je compte sur vous pour leur rappeler
que la vie en société nest vivable que sur la base du respect
mutuel et leur faire méditer cette belle phrase de Rousseau : le
plus fort nest jamais assez fort pour être toujours le plus fort.
Si dun côté je dois vous remercier et je le fais sans
réserve pour votre compréhension lors de mon embauche,
ainsi que pour avoir trouvé une solution non violente au problème
posé par le manque de respect et cest un euphémisme
- que Roberto avait témoigné à légard du chef
déquipe, dun autre côté je ne pourrai accepter
que vous ne preniez pas les mesures suffisantes pour faire cesser les
agissements des tractoristes, car en tant que chef de culture vous avez autorité
sur eux. Soyez assuré que je ne veux nullement vous mettre dans lembarras,
mais vous devez aussi comprendre quil serait masochiste de ma part de
continuer à accepter ce genre de traitement sans réagir et quil
est de mon devoir dessayer dempêcher que dautres vendangeurs
le subissent à ma suite. Votre responsabilité serait engagée
si vous ninterveniez que lorsquil sagit dun chef déquipe
alors que le respect est dû à chacun.
Je me suis adressé à vous parce que vous avez montré savoir-faire
preuve de compréhension ainsi quen vertu du principe de subsidiarité.
Maintenant, je tiens à obtenir rapidement les apaisements nécessaires.
Un gage de bonne volonté serait par exemple de faire savoir que ce nest
pas en claquemurant portes et fenêtres quon empêchera la mauvaise
conscience de ternir les regards et de les rendre fuyants.
Dans le cas contraire, je me verrais alors aussi contraint de porter
ces faits à la connaissance de M. J.B. DELMAS ainsi quéventuellement
à celle des propriétaires qui doivent avoir à cur
de défendre le classement de leur crû et nous verrions bien si
la noblesse du cur correspond à celle des titres.
Enfin, même si des bonnes résolutions sont
prises pour les vendanges prochaines, vous comprendrez sans peine quil
nest plus question pour moi de refaire les vendanges lan prochain
dans cette propriété, car le ressentiment ne sera sans doute pas
complètement dissous. Il faudra donc tenir compte du manque à
gagner dans le dédommagement des préjudices.
Jose croire que notre bonne volonté commune permettra que la fête ne soit plus gâchée et que votre réponse ne me décevra pas.
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