29 mai 2001
POURSUIVRE LA
" MODERNISATION SOCIALE "

Le projet de loi de modernisation sociale :
un texte qui répond à de nombreux engagements de la majorité plurielle,
et qui permet de nombreuses avancées sociales.




 Santé / sécurité / solidarité
 Licenciements économiques
 Lutte contre la précarité dans l'emploi
 Formation professionnelle
 Lutte contre le harcèlement moral au travail





 SANTÉ / SÉCURITÉ / SOLIDARITÉ


Ce volet du projet de loi permet notamment de tenir les engagements signés avec l'ensemble des personnels de l'hôpital public et leurs organisations représentatives. Il propose également des mesures très attendues par les familles accueillantes, par les Français de l'étranger et par les milieux médicaux. Enfin, il abroge la " loi Thomas " sur les fonds de pension.

1/ Mise en œuvre du protocole du 14 mars 2000 pour l'amélioration du fonctionnement de l'hôpital public

    - instauration d'un projet social au sein du projet d'établissement ;
    - instauration et financement du bilan de compétence pour les personnels de la fonction publique hospitalière ;
    - renforcement de la coopération hospitalière pour l'amélioration de la qualité des soins.

2/ Abrogation de la loi Thomas sur les fonds de pension

3/ Création d'un statut pour les " accueillants familiaux " :

    - contrôle de l'accueil des personnes âgées ou de personnes handicapées ;
    - amélioration des droits sociaux des familles accueillantes.

4/ Encadrement de certaines pratiques et actes médicaux à haut risque, dans l'intérêt de la santé publique et de la sécurité des personnes

5/ Réforme des études médicales en renforçant la place de la médecine générale, qui devient une spécialité à part entière soumise au même régime de formation que les autres spécialités

6/ Renforcement de la couverture maladie des Français à l'étranger pour les revenus les plus modestes

7/ Droit aux soins pour les personnes placées dans les centres de rétention administrative

8/ Droit à l'aide médicale pour les personnes placées en garde à vue


 LICENCIEMENTS ÉCONOMIQUES



Lors de la première lecture du texte à l'assemblée nationale en janvier dernier, le Gouvernement et les députés de la majorité plurielle ont déjà renforcé la législation qui protège les salariés en cas de licenciement. Cette deuxième lecture permet d'améliorer encore les articles concernés, comme le Gouvernement s'y est engagé devant la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale le 24 avril dernier, et lors de la première lecture du projet de loi au Sénat.

1/ Prévention des licenciements

    - obligation faite aux branches professionnelles de négocier tous les cinq ans sur les actions de formation destinées à adapter les salariés à l'évolution de leurs emplois ;
    - création d'un dispositif d'appui aux PME pour la mise en place des plans de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ;
    - pour les entreprises qui souhaitent procéder à des licenciements économiques alors que leur durée du travail est supérieure à la durée légale de 35 heures, obligation de conclure un accord sur le passage aux 35 heures préalablement à l'ouverture de la procédure de licenciement (amendement " Michelin " proposé par Odile SAUGUES), ou d'engager des négociations de bonne foi sur ce sujet, sous peine de suspension de la procédure par le juge des référés ;
    - doublement de l'indemnité légale de licenciement pour tous les licenciés pour motif économique ;
    - indemnité supplémentaire d'un mois, sur recours au juge, si l'employeur a omis d'organiser des élections professionnelles, privant ainsi les salariés de protection.


2/ Information et consultation des travailleurs

    - obligation pour l'entreprise d'informer au préalable les représentants du personnel lorsqu'elle procède à une annonce publique relative à sa stratégie ayant des conséquences importantes sur l'emploi et les conditions de travail ;
    - lorsque 1'annonce ne comporte pas des mesures affectant gravement les conditions de travail et d'emploi des salariés, l'information doit être faite dans les 48 heures ;
    - les conséquences des restructurations envisagées par le chef d'entreprise devront être obligatoirement présentées devant le conseil d'administration ou le conseil de surveillance (modification du code du commerce), à partir d'une étude d'impact social et territorial ;
    - dissociation de la consultation sur le projet de restructuration et sur le projet de licenciement économique qui en est la conséquence : la consultation sur le projet de restructuration comporte un minimum de deux réunions séparées de 15 jours et un droit d'expertise à la charge de l'entreprise est ouvert pour le comité d'entreprise.


3/ Améliorer la qualité du plan social

    - afin de mieux respecter l'objectif principal du plan social, celui-ci sera désormais qualifié dans le Code du travail de " plan de sauvegarde de l'emploi " ;

    Concernant le droit au reclassement :
    - le licenciement ne pourra être envisagé qu'après avoir mis en œuvre toutes les mesures possible de reclassement interne par des actions de formation ou d'adaptation à l'emploi, dans l'entreprise, l'unité économique et sociale ou le groupe ;
    - lorsque le licenciement ne pourra être évité, les exigences de qualité du plan de sauvegarde de l'emploi seront renforcées, notamment en imposant à l'entreprise, le cas échéant, de prévoir une réduction du volume récurrent d'heures supplémentaires effectuées, afin de préserver les emplois existants ;
    - droit à un congé de reclassement d'une durée maximale de neuf mois, maintenant le lien contractuel et favorisant le reclassement effectif du salarié dans les entreprises d'au moins 1000 salariés ;
    - les modalités de financement de ce dispositif, à la charge des entreprises, pourront être précisées par les partenaires sociaux dans un accord interprofessionnel ;
    - l'offre de reclassement fera l'objet d'un encadrement protecteur pour le salarié (forme écrite et précise) ;
    - des actions de validation des acquis de l'expérience pourront favoriser le reclassement interne et externe du salarié.

    Concernant le contrôle et le suivi des plans de sauvegarde de l'emploi :
    - allongement des délais impartis à l'administration pour constater la carence du plan de sauvegarde de l'emploi, en permettant cette intervention jusqu'à la fin du processus de consultation sur le plan de sauvegarde de l'emploi ;
    - en cas de constat de carence, possibilité pour les représentants du personnel d'obtenir une nouvelle réunion du comité d'entreprise pour améliorer le plan de sauvegarde de l'emploi ;
    - exigence d'une réponse aux suggestions d'amélioration du plan de sauvegarde de l'emploi présentées par l'administration en interdisant à l'employeur de notifier les licenciements en cas de non-réponse ;
    - codification de la jurisprudence " Samaritaine " : nullité du licenciement en cas d'invalidation du plan de sauvegarde de l'emploi ; seul le salarié peut alors refuser sa réintégration, auquel cas l'indemnité ne pourra être inférieure à douze mois de salaire ;
    - publication des décrets d'application de la loi du 4 janvier 2001 sur le contrôle des aides publiques et la mise en place des structures locales et du droit d'intervention du comité d'entreprise prévu par le texte ;
    - renforcement des droits du comité d'entreprise, qui se verra désormais consulté et non plus seulement informé, et cela de façon régulière, sur l'exécution du plan de sauvegarde de l'emploi ;
    - mise en place systématique de structures de suivi spécifiques dans le cadre des plans de sauvegarde de l'emploi concernant les grandes entreprises, au sein desquelles l'administration du travail sera représentée.

Concernant l'effort de réactivation des sites touchés par les restructurations :

    - les entreprises et les groupes de plus de 1000 salariés se voient imposer des obligations nouvelles en matière de contribution à la réactivation des bassins d'emploi affectés par les restructurations ;
    - cette contribution figurera parmi les mesures du plan social, soit sous forme de mesures engagées par l'entreprise (aide à la création d'activités, essaimage...), soit sous la forme d'un mécanisme de participation financière à travers des organismes spécialisés, voire les deux ;
    - pour les entreprises de 50 à 1000 salariés, le Préfet pourra réunir une table-ronde avec tous les acteurs locaux concernés pour étudier les moyens que pourrait dégager l'entreprise pour créer des activités, des emplois ou développer la formation sur le bassin d'emploi.


 LUTTE CONTRE LA PRÉCARITÉ DANS L'EMPLOI



La protection indispensable de tous les salariés exige également que soient mieux encadrées et limitées les conditions de travail dans des contrats précaires. Le texte adopté en première lecture prévoit déjà un certain nombre de dispositions qui seront renforcées.

1/ Augmentation de la prime de précarité versée au salarié à la fin du contrat à durée déterminée :

    - alignement de ce montant (6 % actuellement) sur celui qui est versé en matière d'intérim (100 %) ;

2/ Espacement des délais entre deux contrats à durée déterminée ou missions d'intérim pour les contrats de courte durée (inférieurs à 14 jours) et modification du mode de computation des délais qui empêchera de considérer que le délai de carence entre deux contrats peut être constitué du seul week-end.

3/ Renforcement des sanctions pénales en cas de non respect du principe d'égalité de rémunération entre salarié sous contrat temporaire et salarié sous CDI sur le même poste de travail.

4/ Possibilité pour le salarié sous CDD ou en mission d'intérim de rompre le contrat s'il justifie d'une embauche en contrat à durée indéterminée.

5/ Information des travailleurs en CDD ou en intérim, par le chef d'entreprise, de la liste des postes sous CDI de l'entreprise lorsqu'un tel dispositif existe dans l'entreprise pour les salariés sous contrat à durée déterminée.

6/ Mise en place d'un droit d'alerte du comité d'entreprise ou à défaut des délégués du personnel en cas de recours abusif au travail précaire pouvant déboucher sur l'obligation faite à l'employeur, sur notification de l'inspecteur du travail, d'élaborer un plan de résorption de la précarité.


 FORMATION PROFESSIONNELLE



Grâce à la prise en compte de la validation des acquis de l'expérience, le projet de loi permet de franchir une étape déterminante pour la reconnaissance des qualifications acquises dans la vie de travail et pour l'évolution professionnelle des salariés sans diplôme.

1/ Validation des acquis de l'expérience acquise dans la vie professionnelle et les activités bénévoles

2/ Réforme du financement de l'apprentissage pour plus de transparence et d'équité


 LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT MORAL AU TRAVAIL



À l'initiative des groupes communiste et socialiste à l'Assemblée nationale et en liaison avec les travaux du Conseil Economique et Social, la loi reconnaît désormais le harcèlement moral au travail, et donne des outils pour le combattre. C'est un grand progrès pour le respect de la dignité des salariés et la protection de leurs conditions de travail.

1/ Inscription d'une définition du harcèlement moral au travail dans le Code du travail

    - sont prohibés les " agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail du salarié, susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa digité, d'altérer sa santé physique ou mentale, ou de compromettre son avenir professionnel " ;
    - sont concernés tant les entreprises que les administrations publiques, et le harcèlement entre collègues comme le harcèlement hiérarchique.

2/ Protection des victimes de harcèlement moral ou de ceux qui ont dénoncé ces agissements

    - interdiction de licencier et de prononcer toute sanction professionnelle à leur encontre.

3/ En cas de linge, renversement de la charge de la preuve, qui incombe au " harceleur ", et possibilité pour les organisations syndicales d'agir sur mandat des salariés

4/ Régime de sanctions pénales